90 ANS DE MOTO GUZZI - Sept 2011 MANDELLO DEL LARIO

90 ANS DE MOTO GUZZI - Sept 2011
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Le 15 mars 1921, la société anonyme MOTO GUZZI est créé à Mandello del Lario.

90 ans plus tard, nous retrouvons les Guzzistes venus du monde entier pour partager cet anniversaire. L’esprit de l’aigle de Mandello est partout, dans les rues de la ville où nous découvrons, par exemple, l’atelier qui a vu naître la première moto, les devantures de magasins agrémentées de modèles d’époque et la stèle dédiée à Carlo GUZZI, au bord du lac de Côme où il fait bon flâner, dans l’usine qui a gardé tout son charme historique, avec, entre autre, son musée et sa soufflerie, dans le camping débordant d’animation, le tout baignant dans une ambiance sonore où bruits d’échappements et musiques se partagent les échos.

Le constructeur a traversé plusieurs périodes difficiles dans son passé, et l’usine failli être fermée en 2009, mais la mobilisation des possesseurs de GUZZI, des clubs du monde entier, et de tous les habitants de la ville ont permis de la sauver. 

Petits extraits des débuts de la grande histoire de cette marque emblématique :

Carlo GUZZI, est né le 4 juin 1889, dans une famille appartenant à la bourgeoisie Milanaise, qui, comme beaucoup d’autres familles aisées de l’époque, aimait venir passer ses vacances à Mandello del Lario, et séjourner sur le lac de Côme.

Son père, Palamede, un ingénieur qui enseignait la physique à l’école polytechnique de Milan,  gérait une petite entreprise d’électronique et un cabinet de propriété industrielle. Il a d’ailleurs mis au point une ampoule électrique qu’il n’a pas breveté car il estimait qu’elle ne restait pas allumée suffisamment longtemps, laissant ainsi la paternité officielle à Thomas EDISON et à Joseph SWAN.

Une fois diplômé, Carlo travaille chez SINGER, fabricant de machines à coudre, et chez ISOTTA FRASCHINI, constructeur automobile.

Il passe tout son temps libre à Mandello, dans l’atelier de mécanique d’un autre passionné de moto : Feree (surnom de Giorgio RIPAMONTI), où il s’attèle à la réalisation de son rêve : « Je veux concevoir une moto, meilleure que toutes celles qui existent, en utilisant mes critères.»

1914, Carlo est incorporé dans l’escadrille d’hydravions Sant’Andrea, basée près de Venise.

Il fait la connaissance de deux pilotes, Giorgio PARODI, issu d’une famille d’armateurs aisée de la région de Genève et Giovanni RAVELLI, de Brescia.

Ce dernier est un coureur cycliste, mais surtout est un des pilotes de moto le plus téméraire et le plus renommé de l’époque. Son courage au combat est tel qu’il est surnommé « Le diable Italien » par ses ennemis. Il sera décoré de la médaille d’argent à trois reprises pour ses faits d’arme. 

GUZZI, le génie éclectique et visionnaire apporte le projet de construire une moto équilibrée, stable, aboutie techniquement mais simple d’utilisation, économique et fiable, au-dessus de toutes les références de l’époque. PARODI enthousiaste s’engage à apporter les fonds et RAVELLI mettra sa fougue et ses talents de pilote au service de l’image de la moto.

Dès la fin de la guerre, GUZZI retourne à Mandello et retrouve Feree pour assembler la première moto. En janvier 1919, PARODI obtient une première réponse positive de son père pour le financement du prototype, 2000 lires. RAVELLI, quant à lui reste pilote, en attendant que la moto soit prête.

Malheureusement, une panne de moteur provoquera le crash de son avion, et il mourra des suites de ses blessures, le 11 aout 1919.

L’Aigle aux ailes déployées, emblème de l’escadrille, deviendra le symbole du constructeur en son hommage.

La première GUZZI baptisée GP pour GUZZI – PARODI est présentée à Vittorio Emanuele PARODI, le père de Giorgio. Celui-ci, convaincu par les qualités techniques de Carlo GUZZI et par le potentiel de la moto et de son bloc moteur-boite, (à l’époque les boites de vitesses sont séparées), monocylindre à quatre soupapes et arbre à cames en tête, accepte de financer la construction d’une usine. 

Le 15 mars 1921, la société anonyme MOTO GUZZI est créé à Mandello del Lario. Néanmoins, le père de PARODI refusera de faire entrer Carlo GUZZI dans le capital de la société.

Immédiatement, la « NORMALE », directement issue de la GP, mais simplifiée mécaniquement, entre en production. Son bloc moteur horizontal qui délivre 30 Chevaux, sa faible consommation ( env. 3 litres au cent kilomètres ), sa vitesse de pointe de 80 km/h, son cadre bas qui la rends particulièrement maniable et sa béquille centrale particulièrement pratique, une première qui sera vite reprise par les constructeurs du monde entier, constituent des avancées techniques saluées unanimement par tous les spécialistes du domaine.

« Pendant près de deux heures, je roule au hasard dans les montagnes, sans but précis, sans contrainte, ma seule préoccupation est d’imprimer dans mon esprit de nouveaux paysages, de nouveaux panoramas, de nouveaux spectacles de la nature. »

Giuseppe GUZZI, le frère ainé de Carlo, plus connu sous le surnom de Naco, était très différent de Carlo à la fois en taille et en caractère.

Alors que Carlo, Taj pour sa famille, était un ardant coureur de jupons, Naco était très calme, presque ascétique. Naco incarnait tout à fait l'âme de la GUZZI de tourisme, Carlo l’âme de la GUZZI de course.

Cet ingénieur diplômé de l’école polytechnique de Milan, a conçu des bâtiments industriels, des centrales hydroélectriques, dont celle qui alimente l’usine. Il développe même un système de climatisation pour son bureau car il souffre des fortes chaleurs au point de travailler torse-nu !

Il attendait avec impatience d’être en vacances pour  pouvoir s’évader au guidon de sa 500, au point d’aligner une série impressionnante de raids, rappelés par une plaque vissée sur le garde-boue avant de sa moto :  



1923 Mandello-Paris 2000 km

1924 Mandello-Toulouse-Pyrénées 2500 km

1926 Mandello-Vienne-Budapest-Carpates 3000 km

1927 Mandello-Silésie 3000 km

1928 Mandello-Laponie-Stockholm-Oslo-Berlin 6200 km

1929 Mandello-Hambourg 2200 km



Naco a modifié sa moto : sous le phare, en position transversale, il a monté un tube fermé dans lequel il place les cartes routières, sur le côté droit, un étui en cuir cache son pistolet. La béquille centrale peut s’actionner indifféremment des deux côtés de la moto et une multitude de crochets sont soudés un peu partout sur le cadre, pour arrimer ses bagages.

En 1926, alors qu'il est dans les Carpates, il casse le cadre de sa moto.

En bon ingénieur, il effectue une réparation de fortune à l’aide de couvertures et de chambres à air.

De retour à Mandello, il dit à son frère : « Tu sais qu’elle tient mieux la route comme ça ! »

Ils se mettent à la planche à dessin et créent un ensemble articulé à l’arrière avec des ressorts placés horizontalement sous le moteur et des amortisseurs à compas. La 500 GT est née.



Ainsi modifiée, Naco s’attaque à la Silésie en 1927, puis suis les pas des deux plus grands explorateurs de l’époque Umberto NOBILE et Roald AMUNDSEN en 1928 qui viennent de survoler pour la première fois le pôle Nord à bord du dirigeable NORGE. En leur honneur, la GT 500 sera baptisée NORGE.

La suspension arrière considérée à l’époque comme antisportive, la NORGE n’eut pas un grand succès commercial. Seulement 75 exemplaires en version civile et 245 en version militaire.

Il fallut attendre 1935 et la victoire de Stanley WOODS au TOURIST TROPHY sur une GUZZI entièrement suspendue pour convaincre toute l’industrie moto de l’efficacité de la suspension arrière. En effet, cette victoire a eu un retentissement mondial car, pour la première fois, toutes les victoires sont volées aux constructeurs Anglais.

Naco modernisa sa moto en 1950, en gardant le moteur de1926 car il voulait tester sa longévité. Malheureusement, son décès, le 14 juin 1962, ne lui permis pas de le faire.

En 1991, Giovanni Battista ZUCCHI réalisa, avec la moto de Naco, un périple jusqu’en Laponie, pour commémorer le voyage de 1928, sans le moindre problème. Elle est toujours au musée, prête à reprendre la route.

Carlo GUZZI mourut le 3 novembre 1964, en incarnant jusqu’au bout l’esprit sportif, avec 14 titres mondiaux et 11 victoires au Tourist Trophy, et innovateur de la marque.

 

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